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Emmanuelle Pommaret

retour sur des séances

Je rencontre une jeune femme depuis 1 an et demi . Cette personne est clouée dans son fauteuil, n'a pas de langage verbale, ne vocalise pas. Elle a une maladie génétique qui au fil du temps lui enlève tout. Elle vit avec ses parents. Je la rencontrai dans un premier temps en foyer alternativement en groupe et en individuel. le groupe avait pour objectif de rencontrer d'autres personnes, et de partager avec elles autour de la musique, des sons. Et l'individuel était plus tourné autour des émotions, puis d'un travail de réflexe et de communication. Depuis la crise sanitaire, cette femme que je vais appeler Pauline, ne viens plus en séance au foyer mais nous avons trouvé un arrangement pour que j'aille la retrouver chez elle. Maintenant je ne la rencontre plus qu'en individuel. les séances sont montées sur une trame qui commence à se consolider. je commence toujours par une chanson que j'ai à de nombreuse fois interpréter et qui me représente vocalement. Cette chanson est ma manière de dire bonjour. Dès son interprétation Pauline sourit. Puis je lui en chante une autre ou j'intègre son prénom. Ces chansons que je chante à chaque fois sont devenues un lien très fort entre nous deux. Pauline sourit et s'illumine à chaque fois.

La suite de la séance continue sur une mise en confiance, en lui chantonnant différentes chansonnettes, courtes mais redondantes et en fonction de la saison, elle me suit et me regarde toujours avec des réactions au niveau de son visage.

Pour la suite comme elle n'a pas l'usage de ses mains, et après avoir vu avec la famille le travail qui est fait autour d'elle notamment en kiné, je lui propose de jouer du tambour. Je l'accompagne toujours par mon chant. Cela lui permet de toujours garder cette confiance. Je suis présente par ma voix. Sa main gauche est plus habile que la droite. Je lui prend la main et nous tapons sur le tambour. Les premières séances, Pauline forçait pour replier ses bras, maintenant elle attend la fin de la chanson. Alors voyant les progrès, je fais durer la chanson plus ou moins longtemps. Beaucoup de choses se passent au travers de son regard, ses mimiques. Le seul point difficile c'est que mon visage est caché... c'est pour cela que ma voix, mon regard sont au centre de ce jeu.

Ce moment est assez intense. Je le poursuis alors par une écoute plus calme. et comme le tambour que j'utilise est également un tambour de la mer, je profite de ce son pour l'immerger dans quelque chose d'enveloppant. Souvent à ce moment là, même si Pauline replie ses bras, beaucoup de choses apparaissent dans son regard. ma voix s'éteint et nous communiquons.

Pour lui dire au revoir je reviens avec quelques chansonnettes et lui joue un air de piano.


Quelquefois, pauline est énervée et se frotte assez violemment le visage. En séance, elle ne le fait plus. elle arrive à trouver un moment réconfortant, communiquant .


Le travail en musicothérapie pour des personnes "polyhandicapées" est un travail riche en partage, en émotion, en communication. Il suffit de créer un lien , d'utiliser le bon média et de suivre les émotions qui en ressortent.


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